top of page
Rechercher

Comment pourrais-je bien te dire ça? J'espère que tu as du temps devant toi.

  • Photo du rédacteur: Sarah Brouillardelle
    Sarah Brouillardelle
  • 6 nov. 2016
  • 4 min de lecture

Comment t'expliquer vraiment clairement, genre come posso ti spiegare molto bene que le quotidien loin de chez toi ça l'air tentant? Que ça semble vraiment top shape mutli forme, tellement mieux, tellement plus vert, plus bleu, la couleur que tu voudras (je sais pas, tu es peut-être colorblind, c'est cool aussi). On dirait que partir vivre à l'étranger, ça sent les vacances à tous les jours, les horaires sans engagement, la dolce vita chaque minute de ta sainte vie. Le soleil shine plus bright que Rihanna, la vie est plus belle, meilleure que n'importe où ailleurs, genre tes Rayban ne font plus la course, ça te prend des FENDI maintenant. Les problèmes disparaissent sans faire de chiar, tes relations interpersonnelles s'entretiennent toutes seules! On dirait que les cornets de gelato sont infinis, qu'ils se démultiplient naturellement et qu'en plus ils sont gratuits, limite ils poussent dans les arbres. Les pizzas alla napoletana sont sans calorie. Les carbonara aussi. La téléportation également semble chose commune. Genre ce matin je me réveille à Turin et POUF! soudainement, dans tes yeux de fille (ou gars) qui regarde ma page facebook ou (PIRE) mon compte instagram, POUF! j'apparaît à Rome, comme ça, par magie! Ça l'air tellement facile qu'on dirait que je me suis transformée en Sabrina l'apprentie sorcière et que j'ai désormais les pouvoirs illimités de la magie suprême, particulièrement celui de remplir mon compte en banque automatiquement et de disposer de plus de 24hrs par jour. Vraiment, visuellement, c'est comme le paradis. Pareille. Be jealous.

Mon genre de repas deux fois par semaine : pizza e vino chez Rondini. Hello bourrelets! :D

Mais devo dire la verità. Non è verò. Niente è così semplice. Ehhhh rien pentoute, niet, niente, patate. Je vais pêter ta bulle drette là, mi scusi mon ami. Vivre à l'étranger, c'est plus que faire des belles photos qu'on met sur les internets. Choisir d'habiter ailleurs que dans ton pays d'origine, c'est accepter un nouveau fuseau horaire et je ne parle pas juste du fait qu'il faudra calculer 6 heures de décalage chaque fois que tu voudras parler à ta mère. Je parle du fais que tu vas peut-être pas travailler dans les trois mois qui suivent ton arrivée comme tu l'avais si minutieusement prévu et calculé avec tes référents de nord américaine. Tu vas peut-être même pas travailler du tout. Bad luck? Manque de compétences? Bad timing? Tu ne le sauras JAMAIS. Le fameux choc culturel, tu ne peux pas le comprendre tant que les problèmes ne se pointent pas le bout du nez. Attendre est un sport que les italiens maîtrisent, car ils perçoivent le temps différemment. Il n'a pas la même valeur à leur yeux. Ce n'est pas une donnée fiable, le temps. C'est un concept qui fait vendre des belles montres et des horloges de designer, mais other than that, je pense que c'est vraiment overrated.

Vivre ailleurs, c'est comprendre que finalement, le Québec est pas mal swell avec ses démarches administratives easy et bien organisées. C'est aussi te rendre compte que tu n'as pas vraiment eu à faire ça dans ta vie, des démarches administratives, grazie à tes parents toé chose! Le travail que tu as peut être déjà maudit dans le passé (shame on you) te semble maintenant un oasis de paix pour lequel tu donnerais tout juste histoire d'y retourner (mais il ne te reste rien, alors oublies). Partir sur un autre continent, c'est accepter de faire des papiers juste pour avoir le droit d'être sur le territoire (comme si tu devais prouver que terroriste n'est pas un qualificatif qui s'applique à toi), chose que tu n'aurais jamais eu à faire pour rester chez toi. JAMAIS. Genre 6 mois que tu aurais pu prendre pour travailler plus, économiser, ou de manière plus funky t'inscrire à un cours de salsa, de peinture ou whatever you'd like. C'est juste du temps que tu investi dans quelque chose qui tu l'espère, fonctionnera, parce que tu ne peux être certain de rien ici. Ce n'est pas toi qui décide et il te faut attendre pour connaître la réponse finale. La patience est une denrée rare qu'il te faut absolument maîtriser, si non tu rentre chez toi en grosse crise existentielle au bout de 9 mois (le délai peut varier d'un individu à l'autre). Tellement tentant de rentrer au pays du connu, du doux, là où on t'attends les bras ouverts, des opportunités plein les mains en guise de cadeau de retour. Mais non. Ça ne se passe pas comme ça. Petit Buddha, toujours empli de sagesse te rappelle l'essentiel de ta quête internationale : Tu ne peux pas avoir fait autant de sacrifices pour arrêter maintenant, même si tu es dans le moment le plus inconfortable ever, même si tu commence sérieusement à douter de tes propres capacités, même si la seule chose qui te console c'est d'hurler avec toute ton soul Independent Woman de Destiny's Child. Calmes-toi. Un jour, pas si loin tu verras, tu pourras lever les bras toi aussi quand Bey chante:

«All the women, who are independent

Throw your hands up at me

All the honeys, who making money

Throw your hands up at me

All the mommas, who profit dollars

Throw your hands up at me

All the ladies, who truly feel me

Throw your hands up at me».

Use de ta patience , apprivoises cette sortie de ta comfort zone. (C'EST QUI LE CAVE QUI A INVENTÉ LE CONCEPT DE LA COMFORT ZONE. JE VEUX ÊTRE CONFORTABLE PARTOUT MOI!) Mais comme tu ne veux pas inquiéter mère et amies, tu post des photos de gelato et tu dis youpi la vie! Et tu chantes avec Beyoncé seule dans ta cuisine. Awaye Buddha, lâches moi pas!

Je ne me plains absolument pas. La vie est pas mal ici aussi, mais je veux juste que tu saches que la vie continue. Que ce n'est pas que voyage et soleil. Je fais aussi le ménage, les courses, pareille comme au Québec. Je paye des comptes, je cherche un emploi. J'ai encore juste 24 heures par jour et mon compte est à zéro depuis longtemps. Parce que plus ça change, plus c'est pareille. C'est juste parfois vraiment exaltant et à d'autres moments, vraiment déstabilisant. Et c'est ça qui est BEAUUUUUUU. Beauuuuuuuu. Beau.

Si tu as toi aussi envie de partir, si tu as des questions, je serai vraiment heureuse de répondre à la lumière de mon expérience à moi. Je te souhaite un bon dimanche. Profites de ta famille qui est à proximité, elle va te manquer terriblement quand tu seras loin. ;) xx

Comments


Other stories
bottom of page